1991
(Columbia)
rip 33t 320k
(merci Rennes Man)
L’enregistrement prestigieux que je vous propose aujourd’hui est la commande d’un grand fan de Phil Collins, Mr Li Maong, le propriétaire du non moins prestigieux restaurant chinois le « Yaka Yang-Tsé » (et fan de Raft aussi visiblement).
Afin d’égayer l’établissement d’une musique jeune et cool, qui se fondrait parfaitement avec la nature de l’activité. Mr Li eu, une nuit sans soleil (Fan d’Ivanov également ?…), ce qu’il pensait être une idée de génie…
Jacques-Robert, un habitant du quartier, et client régulier. Taquinant souvent Mr Li sur sa programmation musicale exotico kitsch (pour ne pas dire d’un ennui mortel), s’exclama un jour où, à l’instar d’Herbert Léonard, il était tombé « a-mou-reux fouuuuu », non pas de Julie, mais de la fille au fond du verre de saké « fait moi confiance mon p’tit lu, heuuuu Li. Donne moi le nom de ton chanteur préféré, et dans 3 jours je t’amène une cassette (Jacques-Robert ignorant l’existence du CD et encore plus de la clé USB), avec des arrangements qui vont te couper le souffle ! Si tu ne triples pas ta clientèle, je mange mon clavier ! »
Mr Li sait bien que Jacques-Robert n’a rien enregistré depuis 30 ans. Que son clavier n’est plus de première jeunesse et que son studio fait office de salle-de-bain (l’inverse étant un lointain souvenir). Mais pour avoir entendu l’unique album de Jacques-Robert, « Orgue Immonde Super Hits Radio Non-Stop Dancing » c’est exactement le son qu’il cherche !
Comme écrit au début la présentation, le nom Phil Collins tomba comme une évidence pour Mr Li. Et constituer la liste des titres ne lui donna pas de « Phil » à retordre. Quant à Jacques-Robert, encore tout retourné par la fille des verres de saké qu’il venait de culbuter (les verres, pas la fille, pfffttt !) ne jeta même pas un œil vitreux au papier de Mr Li. Ce n’est que le lendemain, en le sortant froissé du fond sa poche, qu’il compris l’ampleur de la tâche qui l’attendait… Aussi sec, façon de parler (voir la photo), il plongea bille en tête dans les bobines de Phil. Enfin, ces cassettes. Jacques-Robert ne jure que par les cassettes, qui reviendront à la mode, il en est autant persuadé que le retour en grâce du Pastador et des mocassins à glands.
La suite, vous la devinez en regardant encore la photo, d’une classe folle, ainsi que la pochette de l’album. Jacques-Robert a tenu son pari. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, il se trouva que, quelques jours après la remise de la cassette promise à Mr Li, un producteur de la Columbia, de passage au « Yaka Yang-Tsé », subjugué par le talent de Jacques-Robert, demanda expressément à rencontrer le prodige afin de lui faire signer un contrat.
Une histoire émouvante, un destin incroyable…
Malheureusement pour Jacques-Robert, la suite s’avéra d’une tristesse infini… Ainsi, lors de l’enregistrement d’une nouvelle commande de la Columbia, tout à son enthousiasme, Jacques-Robert glissa sur la savonnette négligemment oubliée dans sa baignoire. Ce qui provoqua sa chute ainsi que celle de l’orgue. Glou… glou… Et sans le son, inimitable de cet instrument fétiche. Celui qui lui permis de vendre 30 exemplaires de « Orgue Immonde Super Hits Radio Non-Stop Dancing», et de faire de lui le musicien le plus en vu de son quartier, Jacques-Robert décida de mettre fin à sa non carrière.
L’album prévu, « A Tribute To Vivien Savage », ne verra donc jamais le jour… (Je vous avais prévenu que c’était d’une tristesse infini).
Reste ce document, pompeusement appelé « Synthesizer Giganten ». Qui restitue à merveille la magie de l’orient du « Yaka Yang-Tsé » à travers les tubes de Phil Collins.
- Another day in paradise